Identité transexuelle
Qu’est-ce qu’un transsexuel?
Le transsexuel est une personne née avec un sexe anatomique (masculin ou féminin) mais qui se sent appartenir à l’autre sexe. C’est le cas par exemple de Max W. Valerio. Max est né à la fin des années 1950 sous le nom d’Anita, dans une famille populaire mi-hispanique, mi-indienne Blackfoot. A l’époque et dans ce milieu, on ne plaisantait pas sur le statut des gars et des filles. Pourtant, dès l’enfance, Anita se sentait mal dans sa peau. Elle refusait de jouer aux jeux de filles, désirait ardemment s’habiller en garçon, et rêvait d’avoir, comme eux, un pénis.
Plus tard, à San Francisco, où elle habitait, Anita a commencé à fréquenter le milieu des lesbiennes. Mais elle ne se sentait pas vraiment comme elles. Certes, elle était attirée par les filles, mais elle voulait plus que cela : être un homme, un vrai. Au début des années 1980, à l’âge de 32 ans, elle décide de se transformer physiquement en s’injectant des doses de testostérone. Au bout de quelques mois, une barbe commence à pousser, sa musculature s’épaissit et sa voix mue vers le grave, son clitoris augmente de la taille d’un pouce. En 2006, ans, Anita, qui se fait désormais appeler Max, publie un livre de témoignage: The testosterone.
Certains transsexuels se travestissent pour tenter de mettre en conformité leur identité intérieure avec leur peau extérieure.
Mais ils ne sont qu’une minorité. D’autres vont chercher à changer de sexe, par le recours à une opération chirurgicale ou en s’administrant des hormones pour tenter de ressembler le plus possible au sexe opposé. D’autres encore chercheront à dissimuler ce qu’ils ressentent comme leur vraie nature. Les études disponibles estiment qu’il naît trois fois plus de transsexuels «garçon désirant être une fille» (1 sur 10.000) que "fille désirant être un garçon" (1 pour 30.000 environ).
Mais d’où vient ce décalage entre sexe biologique et sexe «psychologique» ?
Pour comprendre cette dissociation, il faut entrer un peu dans les déterminations biologiques, psychologiques et sociales de la sexualité.
Sexe génétique et sexe anatomique
Nous avons tous, d’abord, un sexe génétique. Chaque individu possède dans ses cellules une double paire de chromosomes sexuels. Chez les filles, les deux chromosomes sont identiques (XX), alors que chez les garçons, l’un se différencie à la fécondation pour devenir un chromosome Y. Les filles sont XX, et les garçons, XY.
Puis durant les premières semaines de vie fœtale, un sexe anatomique va apparaître. Au départ, il n’est pas encore différencié. La différenciation des gonades (cellules sexuelles) en testicules ou ovaires intervient vers la cinquième semaine du développement foetal. Ce sexe anatomique correspond au sexe génétique, sauf quelques cas où se produit un phénomène génétique très rare : une « translocation ». Lors de la division cellulaire, un fragment du chromosome (X ou Y) vient alors se loger sur l’autre chromosome. Cela conduit à la formation d’un sexe masculin (des testicules, un pénis) sur le corps d’un individu qui est génétiquement une fille (XX), ou inversement.
est d’autres cas où les deux sexes anatomiques – un vagin et un pénis – se développent parallèlement. C’est ce qu’on appelle l’hermaphrodisme. Il y en a plusieurs formes : dans l’hermaphrodisme « vrai », les deux sexes féminin et masculin sont présents. Mais le plus souvent, il y a un développement ambigu, aucun des organes n’étant pleinement développé. Lorsque le sexe anatomique n’est pas bien identifié, à la naissance, les parents et le médecin devront faire un choix : garçon ou fille ? Et l’élever en conséquence. Depuis les années 1950, on procède à des opérations chirurgicales : on supprime le sexe apparemment le moins développé, et on administre à l’enfant un traitement hormonal pour accentuer l’apparition des caractères sexuels secondaires.
Le sexe psychologique
Revenons au cas des transsexuels. Un transsexuel n’est pas un hermaphrodite. Son sexe anatomique (masculin ou féminin) est n’est pas ambigu: il a un pénis et des testicules normalement développés, ou un vagin et des ovaires normaux. Et pourtant, il ne se sent pas appartenir à son sexe anatomique.
Comment alors expliquer la transsexualité ? Il n’y a pas d’opinion unanime parmi les spécialistes. Une des hypothèses est liée à la «sexualisation» du cerveau. Dès le stade embryonnaire, il est inondé d’hormones (appelé aussi stéroïdes sexuels) produits par les gonades (ovaires ou testicules) et les glandes surrénales. Des stéroïdes comme la testostérone agissent en « masculinisant » le cerveau, la progestérone en le «féminisan». L’identité sexuelle pourrait donc être perturbée in utero, si le circuit cérébral reçoit mal les hormones sexuelles. Le syndrome d’insensibilité aux androgènes (SIA) se manifeste par une incapacité du cerveau d’un fœtus mâle à capter la testostérone, produite par des testicules pourtant parfaitement fonctionnels. Dans ce cas, le cerveau du garçon ne se masculinise pas. Il se peut aussi que le cerveau du fœtus soit surexposé à des œstrogènes de la mère.
En somme le corps est sexualisé, mais pas le cerveau. Cette hypothèse neurobiologique n’a cependant pas été étayée par suffisamment d’études pour être considérée comme robuste. Il existe également des hypothèses psychogènes insistant sur l’environnement familial : désir des parents de transsexuels d’avoir un enfant d’un autre sexe (4), relation mère-fils trop fusionnelle encourageant chez le petit garçon l’identification à la figure maternelle. Mais il s’agit d’hypothèses peu vérifiables.
Le genre: sexe social
Résumons: il existe bien un sexe génétique (XX ou XY), un sexe anatomique (pénis ou utérus), un sexe psychologique (le sentiment intérieur d’être un garçon ou une fille). Enfin il existe aussi le sexe social, marqué notamment sur sa carte d’identité et correspondant à toute une gamme de rôles sociaux. Ce sexe social n’est, lui non plus, pas forcément en concordance avec l’anatomie.
Le cas des transsexuels, des petits garçons élevés comme des filles, le cas de David Reimer, nous montrent très nettement que l’identité sexuelle est une chose complexe : elle comprend au moins quatre facettes (génétique, anatomique, psychologique, sociale). Et aucune ne peut façonner entièrement le devenir de l’individu.